Art-thérapeute et infirmière : une accompagnatrice art et santé à votre service

Art-thérapeute indépendante et en institution, Sylvie a également exercé le métier d’infirmière pendant une vingtaine d’années.

Image qui illustre Sylvie Moura dans son atelier.

Peux-tu nous parler de ton parcours, entre créativité et soins ?

Mon parcours professionnel s’inscrit dans une trajectoire profondément humaine, ancrée dans le domaine sanitaire et social.

Avant de devenir art-thérapeute, j’ai d’abord exercé plusieurs années en tant qu’infirmière.

Lorsqu’il a fallu choisir un métier, faire une formation pour devenir art-thérapeute n’a pas fait tout de suite partie de mon projet professionnel. J’étais malgré tout une personne que la créativité a toujours attirée et questionnée. Au gymnase, j’adorais les cours d’histoire de l’art et d’arts plastiques. De manière autodidacte j’ai toujours eu une pratique artistique. J’ai fait du dessin, de la peinture gouache, acrylique, et un peu d’huile et d’aquarelle, pour voir. J’aimais explorer voire transformer certaines matières, jusqu’à fabriquer du papier mâché en recyclant mes vieilles évaluations d’école ! Peindre, dessiner, bricoler, tout cela, je l’ai pratiqué un peu par moi-même, un peu par des cours de créativité.

Si l’art et l’expression artistique t’intéressaient autant, pourquoi avoir fait une formation d’infirmière et non une formation en art?

Il m’arrive encore de me poser cette question ! Pourtant, le choix de faire une formation en soins infirmiers a été fait lorsque j’étais très jeune, vers 7 ans, et je n’ai jamais douté. J’étais attirée par les métiers de la santé, la capacité de soigner, de prodiguer des soins techniques, d’accompagner et de soulager. Et puis, au fil de mes années de pratique infirmières, j’ai aimé l’aspect humain de cette profession tout autant relationnelle que technique. Il était question d’être attentive non seulement à l’état physique, mais aussi au bien-être émotionnel et psychologique. L’écoute, l’empathie, la bienveillance et la patience sont des qualités humaines qui finalement se retrouvent dans tous les métiers du soin et de la thérapie dont…l’art-thérapie !

Mais malgré ma décision de devenir infirmière, je me suis beaucoup questionnée sur l’art, son utilité, ses bienfaits thérapeutiques.

Peux-tu nous parler en quelques lignes de ton cursus d’infirmière et de ce questionnement sur l’art ?

Avant ma formation initiale en soins infirmiers, j’ai travaillé comme aide-soignante dans une clinique accueillant des personnes en situation de handicap en Angleterre. Puis, une fois mon diplôme en poche, en 1999, j’ai travaillé dans des services de soins en milieu hospitalier et extra-hospitalier très divers.

En 2004, J’ai suivi une spécialisation en soins d’urgence. Après 5 années à travailler dans ce domaine à l’hôpital, j’ai souhaité changer de projet professionnel. Je pense que la pénibilité des horaires irréguliers et la charge de travail n’y était pas pour rien dans cette remise en question. Déjà à ce moment-là, j’ai hésité très fortement à quitter le milieu infirmier pour faire une formation professionnelle dans un métier d’art comme celui de…céramiste ! Mais la raison me disait de continuer dans les professions soignantes afin de ne pas perdre mes acquis professionnels.

Je me suis intéressée alors à la formation de sage-femme, un métier où je gardais mes acquis professionnels de soignant tout en étant différent. Mais le stress si intense d’une salle d’accouchement dépassait de loin celui avec lequel je m’étais familiarisé ! Malgré la beauté de ce métier, je me suis à nouveau questionnée sur ma place professionnelle. Puis ma vie privée m’a fait vivre moi-même la maternité. J’ai élevé mes enfants tout en travaillant en pédiatrie. Jusqu’à ce que je me questionne à nouveau sur un changement de métier. Mais, tiraillée entre les soins et la créativité, avec quelle forme de relation d’aide avais-je envie de travailler ? Désirais-je continuer à travailler dans les hôpitaux ? Faire le choix de me former parmi les thérapies paramédicales ? Me tourner vers un accompagnement plus psychologique, dans le domaine de la santé mentale ?

Qu’est-ce qui a été le déclencheur pour finalement te tourner vers le monde de l’art-thérapie ?

En 2014, j’ai eu la chance de suivre la formation Ars Creandum dans l’atelier d’art de Gloria Avilà, artiste-peintre à Clarens. C’était une formation basée sur les sens et la connexion à soi-même et au monde à travers sa propre créativité.

Ce cours m’a permis de connecter mes ressentis à la création. J’y ai compris que la production artistique pouvait être un outil de symbolisation puissant. Loin des injonctions esthétiques, il s’agissait de faire émerger un langage personnel, libre et réparateur.

Ce cours m’a particulièrement questionné sur ce que je recherchais vraiment en tant que professionnelle de la santé. En effet, ces ateliers d’art chez Gloria m’a apporté bien plus que le perfectionnement de techniques artistiques comme la couleur et de la lumière que je recherchais en arrivant. J’y ai découvert mon propre potentiel créatif qui m’a fait du bien. Plus que cela, ce fut libérateur : j’ai compris et expérimenté qu’il n’est absolument pas nécessaire de maîtriser les proportions, le dessin académique, la théorie des couleurs pour se permettre d’avoir une pratique artistique, de créer et de se ressourcer grâce à l’art.

Cette expérience a ouvert un champ immense, bien plus riche qu’un simple loisir créatif. Elle a renforcé mon désir d’accompagner, dans un cadre thérapeutique sécurisant, des personnes de tous âges à travers la thérapie individuelle ou en petit groupe, par le biais de l’expression créative.

Dans cette approche thérapeutique qu’est l’art-thérapie, j’apprécie cette liberté de s’autoriser à une communication verbale comme non-verbale, sans que le processus thérapeutique n’en soit atteint pour autant.

L’art-thérapie me permet d’allier mes compétences dans cette activité paramédicale et ma sensibilité artistique pour proposer un espace d’expression, de soutien et de transformation, dans un but de mieux-être. Mon accompagnement s’adresse aussi bien aux personnes en situation de fragilité dans la vie quotidienne, que de personnes en soins palliatifs, en réadaptation, ou en psychiatrie.

Quel est ta formation de thérapeute puis ton parcours professionnel ?

J’ai alors fait la formation professionnelle d’art-thérapie à l’EESP, institut de formation HES-SO de Lausanne (actuelle HETSL) que j’ai terminée en 2018. Cette formation s’inspirait de la théorique de la psychologie du psychiatre Suisse Jung. Elle alternait formation théorique, stages, entreprendre une thérapie pour soi-même, et la rédaction pour les travaux en vue du diplôme. Je me suis installée comme art-thérapeute indépendante en automne 2019 à Rennaz, quelques mois avant le Covid 19. Toutefois, il a fallu mettre entre parenthèse ce nouveau projet pour aider dans les soins infirmiers en période de pandémie.

En 2021, j’ai eu l’opportunité de créer un poste d’art-thérapeute dans l’EMS Montbrillant, où je travaille toujours. Cet EMS est spécialisé dans l’accompagnement gériatrique, psychogériatrique et psychiatrie de l’âge avancé. Il fait partie du Pôle Grand-Age de la Fondation Eben-Hezer. Il utilise la méthode Montessori pour l’accompagnement des personnes âgées, avec des troubles liés à l’âge comme la maladie d’Alzheimer, ou des troubles psychiques. Ici, nous ne parlons pas de guérir, mais de soutien psychologique. Je collabore avec l’équipe pluridisciplinaire des soignants et aides-soignants.

En 2022, suite à un déménagement, j’ai quitté mon atelier fixe à Rennaz pour développer un atelier d’art-thérapie mobile. Mon expérience d’infirmière en soins à domicile m’a sensibilisée aux personnes à mobilité réduite, quel qu’en soit la cause. Que ce soit des aspects pratiques lors de déplacements, de difficultés psychiques ou à une baisse de mobilité lié à l’âge ou à un handicap.

Cet atelier mobile permet ainsi de répondre aux besoins de personnes en perte d’autonomie, dans leur lieu de vie. Ces séances mêlent sensorialité, mouvement et création dans un espace thérapeutique souple mais toujours contenant.

Ainsi, il m’arrive de travailler en guidance lors des séances de thérapie. Par exemple, en accompagnant un mouvement, je propose une gestuelle que la personne n’a peut-être pas l’occasion de ressentir au quotidien. Ce peut être les vibrations lorsqu’on déchire un papier, la sensation du poids d’une bouteille pleine de peinture, des gestes en rond pour mélanger, le ressenti de la peinture qui s’étale sous le mouvement du rouleau ou du pinceau, toucher avec la paume entière la texture d’un papier, sa fraîcheur si la peinture n’est pas sèche, ne sont que des exemples parmi nombres d’expériences corporelles et sensorielles qui peuvent être vécues. Sans parler de guérison, ces moments peuvent être alors des instants de conscience corporelle et de lâcher prise psychique. Cela permet de prendre soin de son estime de soi. J’adapte les séances et les propositions pour qu’un processus de création puisse avoir lieu, quelque soient ses capacités physiques, verbales ou intellectuelles.

J’ai donc voulu relier ce que j’avais acquis comme expérience de l’accompagnement de l’être humain dans ma pratique infirmière au potentiel créatif qu’il y a en chacun de nous. Et je suis maintenant heureuse d’apporter dans mon accompagnement thérapeutique mon bagage de l’accompagnement humain étoffé pendant mes années infirmière.

Puis, comme gage de professionnalisme et maintenir la reconnaissance par les assurances complémentaires et les associations professionnelles, je dois faire des heures de supervision et des formations continues chaque année. Je suis également tenue au secret professionnel.

Quel est le périmètre couvert par l’atelier mobile ?

L’atelier mobile se déplace depuis Chexbres dans un rayon de 10 km. Actuellement, il dessert ainsi les communes de: Rivaz, Chexbres, Saint-Saphorin, Puidoux, Bourg-en-Lavaux, Vevey, Corseaux, Corsier, Saint-Légier, La Tour-de-Peilz, Forel, Servion, Mézière.

As-tu tes collaborations?

Et côté privé ?

Danse

J’aime la danse que je pratique depuis l’âge de 18 ans. Je suis fascinée par cet art que l’être humain a toujours pratiqué. Que ce soit comme mode d’expression, de transmission, de rituels, et cela dans toutes les cultures et époques. Personnellement, j’ai pratiqué la danse classique et du Modern Jazz, et actuellement je pratique la danse contemporaine.

Activités artistiques

Et bien sûr, j’aime pratiquer le dessin, la peinture, et un peu de collage pour ma pratique personnelle.

Famille

Et bien sûr bis : j’adore accompagner mes enfants sur le chemin de la vie !

Un mot de la fin ?

Merci pour ce moment de présentation, qui m’a donné l’occasion de me présenter un peu ainsi que mon parcours. Je serai ravie de pouvoir vous accompagner si je le peux. N’hésitez donc pas à prendre rendez-vous si vous ressentez le besoin d’un accompagnement par l’art, dans une démarche de soin respectueuse et sensible. Les séances peuvent être prises en charge par certaines assurances complémentaires. Pour toute demande ou question, n’hésitez pas à me contacter


Sylvie Moura

Art-thérapeute diplômée de la HES-SO EESP, Lausanne, Suisse