Art-thérapeute et infirmière : une accompagnatrice art et santé à votre service
Art-thérapeute indépendante et en institution, Sylvie a également exercé le métier d’infirmière pendant une vingtaine d’années.

Peux-tu nous parler de ton parcours, entre créativité et soins ?
Lorsqu’il a fallu choisir un métier, faire une formation pour devenir art-thérapeute n’a pas fait tout de suite partie de mon projet professionnel. J’étais malgré tout une personne que la créativité a toujours attirée et questionnée. Au gymnase, j’adorais les cours d’histoire de l’art et d’arts plastiques. De manière autodidacte j’ai toujours eu une pratique artistique. J’ai fait du dessin, de la peinture gouache, acrylique, et un peu d’huile et d’aquarelle, pour voir. J’aimais explorer voire transformer certaines matières, jusqu’à fabriquer du papier mâché en recyclant mes vieilles évaluations d’école ! Tout cela, je l’ai pratiqué un peu par moi-même, un peu par des cours de créativité.
Si l’art t’intéressait autant, pourquoi avoir fait une formation d’infirmière ?
Il m’arrive encore de me poser cette question! Pourtant, le choix de faire une formation en soins infirmiers a été fait lorsque j’étais très jeune, vers 7 ans, et je n’ai jamais douté. Mais malgré ma décision, je me suis beaucoup questionnée sur l’art, son utilité depuis toujours, ses bienfaits thérapeutiques.
Peux-tu nous parler en quelques lignes de ton cursus d’infirmière et de ce questionnement sur l’art ?
Avant ma formation initiale en soins infirmiers, j’ai travaillé comme aide-soignante dans une clinique accueillant des personnes en situation de handicap en Angleterre. Puis, une fois mon diplôme en poche, en 1999, j’ai travaillé dans des services de soins en milieu hospitalier et extra-hospitalier très divers.
En 2004, J’ai suivi une spécialisation en soins d’urgence. Après 5 années à travailler dans ce domaine à l’hôpital, j’ai souhaité changer de projet professionnel. Déjà à ce moment-là, j’ai hésité très fortement à quitter le milieu infirmier pour faire une formation professionnelle de…céramiste ! Mais la raison me disait de continuer dans les professions soignantes afin de ne pas perdre mes acquis professionnels.
Je me suis intéressée alors à la formation de sage-femme. Mais le stress si intense d’une salle d’accouchement dépassait de loin celui avec lequel je m’étais familiarisé! ! Malgré la beauté de ce métier, je me suis à nouveau questionnée sur ma place professionnelle. Puis ma vie privée m’a fait vivre moi-même la maternité. J’ai élevé mes enfants tout en travaillant en pédiatrie. Jusqu’à ce que je me questionne à nouveau sur un changement de métier. Mais, tiraillée entre les soins et la créativité, avec quelle forme de relation d’aide avais-je envie de travailler ? Désirais-je continuer à travailler dans les hôpitaux ? Faire le choix de me former parmi les thérapies paramédicales ? Me tourner vers un accompagnement plus psychologique ?
Qu’est-ce qui a été le déclencheur pour finalement te tourner vers le monde de l’art-thérapie ?
En 2014, j’ai eu la chance de suivre la formation Ars Creandum de Gloria Avilà, artiste-peintre à Clarens. C’était une formation basée sur les sens et la connexion à soi-même et au monde à travers sa propre créativité.
Ce cours m’a particulièrement questionné sur ce que je recherchais vraiment en tant que professionnelle de la santé. En effet, cette formation chez Gloria m’a apporté bien plus que le perfectionnement de la couleur et de la lumière que je recherchais en arrivant. J’y ai découvert mon propre potentiel créatif qui m’a fait du bien. Plus que cela, ce fut libérateur : j’ai compris et expérimenté qu’il n’est absolument pas nécessaire de maîtriser les proportions, le dessin académique, la théorie des couleurs pour se permettre de créer et de se ressourcer grâce à l’art.
Faire l’expérience de mélanger des couleurs qui me plaisaient, relier mes ressentis de la respiration, de l’écoute de musique, d’odeurs et de goûts à des couleurs et formes fut une ouverture à des possibles. Une façon de m’exprimer avec un outil, la créativité, que nous pouvons tous utiliser et s’approprier. Comme un soin personnalisé et personnalisable pour prendre soin de sa santé mentale et même physique.
Ce sont finalement ces années de rencontres et de soins auprès de personnes de tout âge, associées à mes réflexions sur l’art et aux cours artistiques que j’ai suivi qui ont été formateurs et ont motivé la volonté de donner un autre élan à ma profession de soignante. Je me suis donc formée à l’art-thérapie, une approche psychothérapeutique utilisant la création artistique et le processus créatif à des fins thérapeutiques.
Dans l’art-thérapie, j’apprécie cette liberté de s’autoriser à une communication verbale comme non-verbale, sans que le processus thérapeutique n’en soit atteint pour autant.
Je mets dorénavant à disposition pinceaux, crayons, images, couleurs, textures, pour accompagner un processus de création en vue d’un mieux-être.
Quel est ta formation de thérapeute puis ton parcours professionnel ?
J’ai alors fait la formation professionnelle d’art-thérapie à l’EESP, institut de formation HES-SO de Lausanne (actuelle HETSL) que j’ai terminée en 2018. Cette formation s’inspirait de la théorique de la psychologie du psychiatre Suisse Jung et alternait cours théoriques, stages, entreprendre une thérapie pour soi-même, et la rédaction pour les travaux en vue du diplôme. Je me suis installée comme art-thérapeute indépendante en automne 2019 à Rennaz, quelques mois avant le Covid 19. Toutefois, il a fallu mettre entre parenthèse ce nouveau projet pour aider dans les soins infirmiers en période de pandémie.
En 2021, j’ai eu l’opportunité de créer un poste d’art-thérapeute dans l’EMS Montbrillant, où je travaille toujours. Cet EMS fait partie du Pôle Grand-Age de la Fondation Eben-Hezer.
En 2022, suite à un déménagement, j’ai quitté mon atelier fixe à Rennaz pour développer un atelier d’art-thérapie flexible. Cet atelier est d’une part ambulant et d’autre part fixe à Chexbres. Mon expérience d’infirmière en soins à domicile m’a sensibilisée aux personnes à mobilité réduite, quel qu’en soit la cause : que ce soit des aspects pratiques lors de déplacements, de difficultés psychiques ou à une baisse de mobilité lié à l’âge ou à un handicap. Mes expériences dans les soins auprès de personnes avec ces problématiques, ainsi que mon amour pour la danse et le mouvement font que je suis sensible à la mobilité ou à ses blocages.
Ainsi, il m’arrive de travailler en guidance lors des séances : en accompagnant un mouvement, je propose une gestuelle que la personne n’a peut-être pas l’occasion de ressentir au quotidien : les vibrations lorsqu’on déchire un papier, la sensation du poids d’une bouteille pleine de peinture, des gestes en rond pour mélanger, le ressenti de la peinture qui s’étale sous le mouvement du rouleau ou du pinceau, toucher avec la paume entière la texture d’un papier, sa fraîcheur si la peinture n’est pas sèche, ne sont que des exemples parmi nombres d’expériences corporelles et sensorielles qui peuvent être vécues. Sans parler de guérison, ces moments peuvent être alors des instants de relaxation corporelle et de lâcher prise psychique, et permettent de prendre soin de son estime de soi.
J’ai donc voulu relier ce que j’avais acquis comme expérience de l’accompagnement de l’être humain dans ma pratique infirmière au potentiel créatif qu’il y a en chacun de nous. Et je suis maintenant heureuse d’apporter dans ma pratique de l’art-thérapie mon bagage de l’accompagnement humain étoffé pendant mes années infirmière.
Puis, comme gage de professionnalisme et maintenir la reconnaissance par les assurances complémentaires et les associations professionnelles, je dois faire des heures de supervision et des formations continues chaque année.
Quel est le périmètre couvert par l’atelier mobile ?
L’atelier mobile se déplace depuis Chexbres dans un rayon de 10 km. Actuellement, il dessert ainsi les communes de Rivaz, Chexbres, Saint-Saphorin, Puidoux, Bourg-en-Lavaux, Vevey, Corseaux, Corsier, La Tour-de-Peilz, Forel, Servion, Mézière.
Tu proposes aussi des ateliers créatifs qui ne sont pas de l’art-thérapie ?
Oui, en plus des séances de thérapie, je propose également quelques ateliers créatifs pour une expression créatrice ludique:
- Un atelier pour jeunes parents pour laisser une trace de ce moment important d’une naissance
- Des ateliers que j’ai nommé « Menus Créatifs » où vous choisissez le thème
- Un atelier qui lie Danse libre et Expression créatrice
As-tu tes collaborations?
- Sponsor pour un véhicule de Spitex Mobile https://www.spitex-mobile.ch/fr/ une branche de KinderSpitex qui propose un véhicule pour les familles avec enfant à mobilité réduite.
- Collaboration avec Corinne Fontaine, art-thérapeute à Rennaz (https://www.atelierarttherapie.ch/), pour divers mandats: atelier pour les Proches Aidants, AVAC, service d’oncologie.
- Affiliée RME pour remboursement par les assurances complémentaires
- Membre de l’association professionnelle suisse des art-thérapeutes (APSAT)
- Membre associé du Réseau Santé Région Lausanne (https://www.reseau-sante-region-lausanne.ch/)
En quoi t’intéresses-tu en ce moment ?
Nos parcours de vie personnelle et professionnelle nous amènent souvent à des questions ou intérêt. Dans mon cas, et actuellement, voici les domaines dans lesquels j’aurai envie de me former si les conditions s’y prêtent :
Recueilleuse d’histoires de vie
Que ce soit dans mon travail d’art-thérapeute ou comme infirmière, j’ai toujours aimé écouter les personnes me raconter leur histoire. Laisser une trace écrite pour soi, pour sa famille, pour se souvenir, pour se valoriser, pour sourire aux anecdotes vécues. Pour se redresser en se disant « Oui, j’ai vécu cela ».
L’art-thérapie somatique
L’art-thérapie somatique est une méthode thérapeutique développée par Johanne Hammel, art-thérapeute au Québec. Une approche de l’art-thérapie qui soigne les stress post-traumatiques et les douleurs chroniques. Cette approche relie le corps est l’esprit, ce qui interpelle tout mon parcours professionnel dans les soins et dans l’accompagnement art thérapeutique.
Stimulation basale
C’est une approche de stimulation corporelle créée dans les années 1970 en Allemagne par le professeur Andréas Fröhlich. C’est un outil d’accompagnement des personnes en grande vulnérabilité physique et psychique. Comme outils thérapeutiques, il utilise des mouvements, des balancement, des vibrations, etc… Je m’y étais déjà intéressée et ai rédigé mon travail de diplôme infirmière sur ce sujet. Et comme je travaille actuellement avec des personnes en situation de handicap ou en fin de vie, j’aimerai m’y intéresser à nouveau.
Et côté privé ?
Danse
J’aime la danse que je pratique depuis l’âge de 18 ans. Je suis fascinée par cet art que l’être humain a toujours pratiqué, que ce soit comme mode d’expression, de transmission, de rituels, etc…, et cela dans toutes les cultures et époques. Personnellement, j’ai pratiqué la danse classique et du Modern Jazz, et actuellement je pratique la danse contemporaine.
Activités artistiques
Et bien sûr, j’aime pratiquer le dessin, la peinture, et un peu de collage pour ma pratique personnelle.
Famille
Et bien sûr bis : j’adore accompagner mes enfants sur le chemin de la vie !
Un mot de la fin ?
Merci pour ce moment de présentation, qui m’a donné l’occasion de me présenter un peu ainsi que mon parcours. Je serai ravie de pouvoir vous accompagner si je le peux. N’hésitez donc pas à me contacter pour toute question. Le respect, la douceur, le non-jugement, la bienveillance et la confidentialité font partie de mon identité professionnelle et personnelle.
Sylvie Moura
Art-thérapeute diplômée de la HES-SO EESP, Lausanne, Suisse